Les Charentes, terre d'aventuriers

Samuel de ChamplainSamuel de Champlain

Samuel de Champlain est né à Brouage, vers 1567. Le 15 mars 1603, il entreprend son premier voyage vers le Canada en s'embarquant, comme simple passager, à Honfleur à bord de la "Bonne-Renommée". Il effectuera, au total, 21 traversées de l'Atlantique et 12 séjours dans la « Nouvelle France ».

En 1608, Champlain obtient pour un an le privilège du commerce en Amérique et décide alors d'implanter une colonie sur le Saint-Laurent où le contrôle de la traite des fourrures serait plus facile. Il arrive à Tadoussac le 3 juin. Le 3 juillet il s'arrête à Stadaconé (Kébec). Ce site était déjà connu par les Amérindiens, bien avant l'arrivée des Européens. Lorsque Jacques Cartier remonta le fleuve Saint-Laurent en 1535, il trouva  à Stadaconé, un village Iroquoien établi sur un promontoire de terre dominé par une montagne, le Cap-Diamant. C’est à cet endroit que Champlain décide d’y établir sa colonie et il s'y installera pour l'hivernage. Petit à petit, le village devient une ville, un marché important, Champlain contribue beaucoup à son développement et à son rayonnement. En 1609, la ville devient Québec, son nom restera associé à la mémoire de Champlain.

René Caillié

René CailliéRené Caillié est né en 1799 à Mauzé-sur-le-Mignon. Dans son village des Deux-Sèvres, René Caillié a grandi en rêvant aux noms mystérieux inscrits sur les cartes d'Afrique. Moussaillon sur une escadrille, il quitte Bordeaux pour le Sénégal le 27 avril 1816. L’un des bateaux, La Méduse, connaîtra la tragique célébrité immortalisée par le tableau de Géricault.

Arrivé à Saint-Louis-du-Sénégal, René Caillié repart pour la Guadeloupe, où il reste six mois. A la fin de 1818, il est de nouveau à Saint-Louis et, l'année suivante, il apprend qu’une expédition anglaise est partie porter secours au major Gray, à Boundou. Il tente de rejoindre l'expédition mais, atteint par les fièvres, il doit renoncer et revient se soigner en France .

D’août 1824 à mai 1825, il séjourne dans l’actuelle Mauritanie, y apprend des rudiments de langue arabe et étudie le Coran. Ayant appris l'existence du prix qu'offrirait la Société de Géographie au premier Européen qui pénètrerait dans la mythique ville de Tombouctou, il décide de partir seul, par ses propres moyens, sans aide financière, sans escorte militaire. Déguisé en voyageur arabe, il se fait passer pour un enfant d'Alexandrie, enlevé par les troupes de Bonaparte. Parti de Boké en Guinée, le 19 avril 1827, il est retenu cinq mois à Timé dans l'actuelle Côte d'Ivoire, car il est atteint de scorbut. Enfin, le 20 avril 1828, le jeune René Caillié, à peine âgé de 28 ans, découvre Tombouctou. Ce sera le premier Européen à pénétrer dans cette cité interdite aux chrétiens, sur les bords du Niger, uniquement connue jusqu’alors par la description d'un voyageur du XVIe siècle, Léon l'Africain.

Après deux semaines passées dans la ville, à observer et remplir des carnets de notes, il prend le chemin du retour avec une caravane d'esclaves qui remonte vers le Maroc, dans des conditions plus dures que jamais.

Il recevra le prix décerné par la Société de Géographie et publiera le récit de son voyage Journal d'un voyage à Tombouctou. Il mourra en 1838, à 38 ans, d’une maladie contractée en Afrique, dans la commune de Champagne près de Rochefort.

Michel BégonMichel Bégon

Michel Bégon entre tardivement dans la marine, il a 40 ans, lorsque Colbert le nomme en 1677 trésorier de la marine à Toulon. Il devient commissaire général de la marine à Brest (1680), puis au Havre (1681). Il traverse l’Atlantique pour être intendant des îles du Vent (1682–1684). Il s’installe à Saint-Pierre en Martinique où il possède des terres. Avec Bertrand D'Ogeron, il pratique aussi le commerce des épices. En 1686, il devient conseiller honoraire du Parlement d’Aix. Le 1er septembre 1688, Michel  Bégon devient intendant de Rochefort, il obtient également l’intendance de la généralité de La Rochelle (1694-1710). Son passage à Rochefort transforme considérablement le port. Il a été, avec Colbert du Terron (1669-1674), le principal acteur du développement de la ville et de l’arsenal. Son épitaphe en l’église Saint-Louis de Rochefort porte : « Hanc nascentem urbem ligeam invenit / Lapideam reliquit » ce qui signifie « il trouva la ville naissante en bois / Il l’a laissa en pierre ».

C’est donc l’image d’un grand voyageur et d’un bâtisseur qui est passée à la postérité. C'est en son honneur que le naturaliste Charles Plumier, qui avait rapporté et acclimaté en France plusieurs fleurs tropicales, a baptisé une fleur, « le bégonia », car l'intendant était un collectionneur passionné de botanique. Les deux hommes s'étaient connus aux Antilles.

Alcide d’Orbigny

Alcide d'OrbignyAlcide Charles Victor Marie Dessalines d'Orbigny (1802-1857) est un naturaliste, explorateur, malacologiste et paléontologue français, célèbre pour son voyage en Amérique du Sud et ses travaux en paléontologie. Alcide d’Orbigny fait paraître en 1826, dans les Annales de sciences naturelles un travail qui est le fruit de ses observations sur les foraminifères, intitulé Tableau méthodique de la classe des Céphalopodes décrivant plusieurs centaines d'espèces nouvelles et qui le fera remarquer dans le monde naturaliste. (Les foraminifères sont de minuscules coquilles connues pourtant depuis l’Antiquité mais classées, à tort, dans les Mollusques Céphalopodes). Il y présente environ 600 espèces, actuelles ou fossiles.[] Durant sa vie, il recensera plus de 1500 foraminifères, la plupart nouveaux. Il est ainsi considéré comme l’inventeur de la micropaléontologie.

Ce travail remarquable attire sur lui l’attention des professeurs du Muséum national d'histoire naturelle et notamment Georges Cuvier [qui lui confie une mission en Amérique du Sud afin de compléter les connaissances naturalistes de ce continent acquises depuis Alexander von Humboldt et Aimé Bonpland en Amérique équatoriale, ou Auguste Saint-Hilaire au Brésil. Outre ses travaux de naturaliste, d’Orbigny est passionné depuis son plus jeune âge, par les récits de voyages comme ceux de Louis Antoine de Bougainville, de James Cook ou de Nicolas Baudin.

De retour en France, il consacre treize années, de 1835 à 1847, à la rédaction de ses mémoires, soit un ensemble de neuf tomes en onze volumes et 4 747 pages ainsi que de nombreuses cartes et 555 planches. Cette œuvre magistrale en fait l'une des plus importantes monographies jamais réalisées d'une région du monde. Charles Darwin jugea l’œuvre comme un « monument de la science du XIXe siècle ».

Pierre LotiPierre Loti

  Né à Rochefort en 1850, et très tôt attiré par la mer, Loti (de son vrai nom Julien Viaud) suivit les cours de l'École navale avant de faire une carrière d'officier de marine, jusqu'au grade de capitaine de vaisseau (1906). Il passa la plus grande partie de son existence à voyager dans le monde entier. En 1879, il publia son premier roman Aziyadé. Dès lors, le succès ne devait jamais se démentir (il fut élu à l'Académie française en 1891). Ses romans, dont l'intrigue se situe dans les pays lointains qui étaient très mal connus à l'époque, touchèrent un vaste public. Il popularise le thème littéraire du voyage et de l’exotisme. Ses récits, en partie nourris de souvenirs autobiographiques, reflètent également les sentiments d’un être tourmenté par la fuite du temps. Il effectue de nombreux voyages qui sont autant de sources d’inspiration pour ses romans : Turquie (Aziyadé, 1879 ; Les Désenchantées, 1906), Afrique (Le Roman d'un spahi, 1881), Tahiti (Le Mariage de Loti, 1882), Japon (Madame Chrysanthème, 1887), des articles pour les journaux, (dans un article du Figaro, bien que militaire en activité, lors de la campagne de 1883-1885, il dénonce les bombardements français sur les villes du Tonkin, ce qui lui vaudra plusieurs mois d’arrêts de rigueur), des dessins (Ile de Pâques), des récits de voyage (L'Inde sans les Anglais, 1903 ; La Mort de Philae, 1909 ; Un pèlerin d’Angkor, 1911). D’autres romans évoquent la rude vie des marins (Pêcheur d'Islande, 1886 ; Mon Frère Yves, 1893), le Pays Basque (Ramuntcho, 1897). Artiste fantasque, il aménage sa maison de Rochefort avec des pièces turques, chinoises, Louis XIII… dans laquelle il donne de grandes fêtes. Ce qui n’empêche pas ce personnage paradoxal d’être tourmenté par les interrogations métaphysiques et religieuses. En 1896, il entreprend un voyage en Terre Sainte sans retrouver la foi. Il rédige un triptyque désabusé (Le Désert, La Galilée, Jérusalem). Une passion indéfectible le lie à la ville d’Istanbul et à la Turquie et il évoquera, avec nostalgie la fin de l’empire ottoman. Il termine ses jours dans le pays basque en 1923. Il repose dans « la maison des aïeules », dans l’île d’Oléron.

François Fresneau

François FresneauFrançois Fresneau de la Gataudière, séjourne en Guyane entre 1732 et 1748. Ingénieur du roi, il est chargé en 1734 de la remise en état des fortifications de la ville. Il a le projet de tracer une route jusqu’à la forêt du Haut Camopi en raison des difficultés de communications. Esprit ingénieux, il invente une machine à piler le manioc, propose de lever une carte de la colonie et projette l’établissement d’un marais salant en 1740. Il conçoit également un soufflet pour injecter des matières soufrées dans les fourmilières qui infestent les plantations de cacaoyers et de manioc. Curieux de tout, il se passionne pour l’histoire naturelle guyanaise et herborise. En 1744, Fresneau fait la rencontre à Cayenne de Charles Marie de La Condamine qui l’intéresse à ses travaux de botanique et lui demande de poursuivre ses recherches. En explorant l’Oyapock dans le but de lever la carte de ce fleuve, il découvre en 1747 sur les bords de l’Approuague « l’Hévéa Brasiliensis », l’arbre à caoutchouc. Il expédie à La Condamine un traité manuscrit sur les propriétés et l’utilisation faite du caoutchouc par les Amérindiens. Quelques mois plus tard, le naturaliste, de retour en France, en fait la communication à l’Académie des Sciences. Dans le domaine familial de la Gataudière à Marennes, il continue ses observations à propos du sel marin, de la culture des huîtres et de la pomme de terre, qu’il avait rapportée d’Amérique du sud, bien avant Antoine Parmentier. Il aménage également un laboratoire pour poursuivre ses expériences sur le caoutchouc. Avec acharnement, Fresneau cherche le moyen de dissoudre la résine et de la rendre liquide afin de façonner des objets conservant l’élasticité d’origine. Au bout de quinze ans de recherche, il trouve une solution théorique avec de l’huile essentielle de térébenthine, qu’il expose dans un mémoire en février 1763, adressé au Contrôleur général des Finances qui a également en charge la direction du commerce et de l’industrie. La conclusion des travaux de Fresneau est fondatrice, elle est reprise par la communauté scientifique, notamment Hérissant et Pierre-Joseph Macquer.

Fresneau  meurt le 25 juin 1770 à Marennes. Il est considéré comme le père du caoutchouc.

Aimé Bonpland

Aimé BonplandAimé Jacques Alexandre Goujaud est né le 29 août 1773 à La Rochelle. Bonpland est le surnom que lui donna son père lorsqu’il le vit, enfant, se passionner pour les plantes du jardin « Bon plant ». Cette prédilection pour la flore le prédestinait sans aucun doute à devenir botaniste. Tout en poursuivant des études de médecine, il se passionne pour les enseignements de botanique dispensés au Muséum national d’histoire naturelle où il eut pour professeurs Jean-Baptiste de Lamarck et Antoine Laurent de Jussieu. Après son service militaire comme médecin dans la marine, déjà reconnu comme excellent botaniste, il aurait dû accompagner Louis Antoine de Bougainville, mais hasard (heureux ?) du destin, à c’est l’expédition du grand naturaliste Alexander von Humboldt, qu’il participera. En 1798, Aimé Bonpland avait fait la rencontre d’Humboldt avec qui il se lia d’amitié. Les deux hommes cherchent à participer ensemble à une expédition scientifique. Ce sera le fameux voyage d’une durée de cinq ans au cours duquel ils ont, notamment, remonté l’Orénoque et gravi le volcan Chimborazo.

De retour en France, Bonpland est nommé, en 1808, intendant général des domaines de La Malmaison, la résidence de l’impératrice Joséphine, dont les jardins possèdent de nombreuses plantes exotiques. Il se dédie surtout à l’acclimatation de centaines d’espèces alors inconnues, qu’il recense dans son ouvrage Description des plantes rares de la Malmaison (1813).

A la chute de l’Empire, Bonpland retourne à Buenos Aires, où il a obtenu un poste de professeur d’histoire naturelle. Il ne reviendra plus jamais en France. Homme de terrain, il quitte la ville pour explorer l’intérieur du pays. Il découvre alors les secrets de la germination du maté (Ilex paraguariensis), ouvrant ainsi la porte à la culture industrielle de cette plante jusqu’alors sauvage. En 1821, il est arrêté et mis en résidence surveillée par le dictateur paraguayen José Gaspar Rodriguez de Francia qui le soupçonne d’espionnage et craint le développement dans l’Argentine voisine d’une culture intensive du maté. Pendant dix ans, Bonpland vit reclus, privé de toute relation avec sa famille et ses amis et empêché de parler français. Tout en s’adonnant aux activités les plus diverses, dont celle de médecin des indiens guaranis, il ne cesse d’étudier les plantes dans le petit espace où il est confiné. Libéré en 1831, il s’installe à San Borja, au Brésil, et reprend ses expérimentations agricoles. Il meurt en 1858 à l’âge de 84 ans, sans avoir pu revoir celui qu’il appelait « le meilleur et le plus illustre des amis », Alexandre von Humboldt.

Le Venezuela lui a rendu hommage en donnant son nom à la troisième plus haute montagne du pays, dans la Cordillère de Mérida. Le pic Bonpland (4890 m) se trouve à quelques centaines de mètres seulement du pic… Humboldt (4945 m).